Qui t'a attachée là belle geisha?
Comment t'es-tu fais ça?
Tant de cordes nouées autour de ta nudité
Prisonnière fantasmée d'une destinée
Surplombant l'arbre de ta renommée
Marqué de ces tâches bleutées
Assise sur la mauvaise branche
Regarde le monde qui t'entoure
Princesse en haut de ta tour
Qui avait de si beaux atours

Qui montrait de si forts atouts
Qu'as-tu fait de ton bagou?
Ma tristesse pour te secouer
Ma colère pour te faire avancer
Je ne te laisserai pas tomber
Après tant d'épreuves dépassées
Se dévouer n'est pas aimer
Se faire baiser n'est pas gagner
Observe autour le monde enchanté
De ce ciel étoilé de rosée
Qu'importe s'il est rêvé
A toi de le faire briller
Ouvrir tes mains nouées
Ecarter tes cuisses serrées
Laisser les nouveautés te pénétrer
Etre l'objet de ta légèreté
Gambader de ta liberté
Sortir de l'image cadrée

Sur une autre branche sauter
Un nouveau territoire explorer

Et te réaffirmer.

prendre un café en terrasse, dans Paris - entre filles, un dimanche après-midi - se retrouver  avec envie - les heures se succèdent - la parole nous aide - les sujets se mêlent - on boit du thé vert - parler de tout et de rien - profiter d'une anecdote qui ne vaut rien - prendre le temps d'aborder l'essentiel - feuilleter une page du Elle - commenter l'Edito rebelle - observer les passants - leurs vêtements, leur déhanchement - imaginer leur appartement - leur vie au demeurant - des visages et des sourires brillants - pourtant pas tous l'air marrant - mais tellement inspirants - ICU qui se répète - croire reconnaître une silhouette - me dire qu'il m'obsède - balayer cette idée obscène - sentir le goût du moment - considérer le présent -  ignorer le passé et le possiblement - possible amant - penser à rappeler maman - dire du bien d'elle en attendant - aucun tourment - ai arrêté de faire semblant - être soi vraiment - possible finalement - chaque chose en son temps - retrouver les enfants - le refaire souvent - réaliser ce qui nous fait du bien - tapi dans l'ombre depuis la saint glin glin -  l'inspiration qui revient - assouvir enfin ce besoin - d'un simple après-midi parisien...

Scène entre mère et fille de 6 ans :

- ma fille, je ne voudrais plus que tu grandisses

- maman, de toute façon, moi, je ne veux pas grandir

- ah bon, pourquoi ça?

- parce qu'en grandissant, on n'apprend plus rien

- ??

- à l'école, j'apprends plein de trucs, vous, les grands, avez arrêté d'apprendre

- !?

Ah ma poupette ! Si tu savais.

Si tu savais qu'en grandissant tu apprendras que...

que la vie ne cesse jamais de nous apprendre, de nous surprendre, de nous prendre

que l'apprentissage ne passe pas que par des techniques, des méthodes, des processus, des maîtres

que chaque jour une réaction, une émotion, une action nous en apprend plus sur nous-mêmes

que si tu restes curieuse et malicieuse, tu seras souvent heureuse

que le bonheur n'existe pas, seul son chemin nous accompagne

que se remettre en question et apprendre sur soi en est le seul usage

que ta maman écrit des phrases convenues pour ne pas se mettre à nu

que ta maman se remet alors en question, putain d'inspiration !
 

Ah ma poupette ! Si tu savais.

Si tu savais qu'en grandissant tu apprendras que...

qu'un jour, tu découvriras tes besoins, tes envies, tes valeurs

que tu apprendras en fuyant les mauvaises heures, en te figeant devant tes terreurs, en dépassant tes peurs

que tu apprendras de tes erreurs, de tes lenteurs, de tes coups d'accélérateur

que la vie est un équilibre entre organisations, occasions et sensations

que nos sens nous guident, nous quittent, nous rejoignent, nous trompent

que tu apprendras à leur donner ton sens

que les autres t'apprendront sur toi, que tu en apprendras sur eux,

que l'on ne sait pas toujours comment aimer, ni se laisser aimer

qu'être enfant, c'est apprendre constamment de ses référents

qu'être grand, c'est apprendre constamment de ses enfants

que parfois on croyait tout savoir, et on ne sait plus rien

que parfois on croyait ne jamais comprendre, et tout évident cela devient

que ton sens de l'observation te servira à ne pas subir 

que ton sens de l'apprentissage te servira à grandir...

parce que tu vas grandir et j'en apprendrai

parce que tu vas apprendre et j'en grandirai

Qu'il est bon de grandir

Si, si, je vous le dis sans rire

Certaines semaines ont un goût enchanté

Malgré les bobos et les difficultés

Il y a des échanges qui valent de l'or

Devenant de précieux cadeaux alors

Un mail, une discussion, un SMS, un trésor

Les mots nous parent tels des bijoux

Les sourires sont si doux

Les gestes souvent flous

Tout cela un peu fou

Elle en apprend tant

Elle remercie sincèrement

Elle prend son temps

Elle reçoit une demande de conseil

Elle suscite une étincelle

Elle avait juste envie de vous dire

Que c'est bon de grandir

Qu'il y a encore tant à découvrir

Et que le meilleur reste de se découvrir...

Se découvrir meilleure

Découvrir son intérieur

Se découvrir de ses couches

Découvrir ce qui nous touche

Ne pas craindre la nudité

D'une mue qui nous caresse

Se découvrir avec allégresse

Grandir avec volupté

Et d'un voile se rhabiller...

Devant cette peinture de sir Frédéric Leighton

Ce n'est pas la mère, mais l'enfant qui m'étonne

Parce que ma fille lui ressemble tant

Ainsi de profil, le front penché en avant

Elle a grandi, atteignant six ans d'âge

S'éloignant un peu plus de cette image

Mais évidemment pas de sa maman

Qui redoute ce passage des ans

Elle a les cheveux châtains

Deux petits yeux bruns

Un sourire incertain

Un prénom italien

Un regard qui scintille

Et cet unique profil

Signe de famille

Hommage à ma fille

Sir Frédéric Leighton - La mère et l'enfant