Il faut laisser l'inspiration refaire surface. Elle arrive, tout doucement. Elle pousse les parois de verre. Elle fait des vagues. Elle me tire vers le haut. Elle me fait sauter de mon bocal. Elle me donne de l'oxygène. J'inspire, j'expire. Qu'est-ce qui m'inspire? Puis elle se fait la malle. Je ne lui cours pas après. Elle est partie, tanpis. Je replonge dans les projets, dans une autre bulle, de protection? Mais, inspiration, au détour d'une rencontre, d'un événement, d'une rêverie, la revoilà qui surgit. Fidèle amie. Infidèle poésie. Elle déteste mes collègues sans prétention. Le mot travail ne rime qu'avec rien qui ne vaille.
Alors elle se vexe et fait même la grêve du sexe.
Elle qui se veut si libertine, légère et fine.
Elle boude mon sérieux, mes principes trop rigoureux.
Elle m'accuse de débandade. Je la menace de dérobade.
Elle crie gare à ta raison, je suis faite de passion, ô moi, inspiration.
Je lui reproche sa folie de facilité.
Elle moque mes faiblesses et mon stress.
Je méprise ses promesses et sa fugacité.
On s'est tourné le dos. Je suis retournée à mon boulot.
Je m'étais lassé de son caractère si lâche. J'avais laissé tomber cette tâche.
Les mots, les articles, le sens, les double sens, mes sens. Mais elle m'a rattrapée fustigeant mon absence.
Et elle me murmure :
"- On est en symbiose. Je suis ta drogue, il te faut ta dose.
Un article il faut que tu oses. Puis un autre moins morose."
Résistante, je lui susurre :
"- A quoi sers-tu, espèce de chose?"
Elle me déclare à toute allure :
"Tu sers à tout revêtir de rose !
Allez bouge ton cul et ta prose !
Sors-les de la sinistrose !
Et cause, cause, cause !"